Tisserand Chamarande


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Igitur.eu

Igitur est la rencontre de cinq architectes et scénographes pendant leurs études à l’Ensa Paris-Malaquais.

Ce que je n’ai pas fait,
Ou les problèmes de la représentation.

Le projet de fin d’études n’a qu’une seule réalité : sa présentation finale. Enfin pas vraiment, réalité est un peu trop, mais tout ce qui est dehors de ce moment ne peut pas exister. Je fais quoi, un PFE. Ce n’est pas vraiment étrange ou différent, il n’y a même pas de prise de risque, tout ce qui ne se voit pas à la fin, n’existe pas ; parce que ma vie le paye, c’est juste honnête.

Au début on fait ce qu’on veut, c’est impossible de commencer vraiment, sérieusement un PFE. Je prends des inachevés, ce qui reste encore dans ma tête, une maison, des figures, du plâtre, des structures acier. Pendant un semestre, un projet classique de représentations et d’impossibles réalisations. Trop d’accidents, mes petites voix n’existent pas.

On commence à réduire, supprimer, préciser ce qui ne peut pas exister. Trop cher, trop lourd, impossible. Tout n’est pas exactement ce qu’il devait être et enfin, il n’y a plus grand chose, si ce n’est le calme d’une improvisation. Ce qui reste dans ces objets, c’est la trace vivante de ce qui ne peut pas être là. Une représentation en soi, qui promet de toujours continuer à exister.

Projet de fin d’études

Ensa Paris-Malaquais.
Réalisé dans le département Théorie, Histoire, Projet, et dirigé par William Parlon et Gilles Delalex.

Ce que je n’ai pas fait, ou les problèmes de la représentation est le projet de fin d’études que j’ai soutenu à l’Ensa Paris-Malaquais, dans le département THP : « Théorie Histoire Projet » sous la direction de William Parlon et Gilles Delalex. Il a été réalisé en un an avec trois moments, un premier de recherche et de mise en place d’un protocole théorique et plastique, un second qui est une installation in situ dans le domaine de Chamarande en Essonne, ainsi que la formalisation de la soutenance dans une scénographie et une installation à échelle 1 d’une architecture. Le sujet est resté toujours le même : faire une architecture.

Si le problème est simple dans son énonciation, faire une architecture en projet de fin d’études est à la fois un sujet aveugle et une proposition radicale, provocante, humoristique et absurde. Ce serait présenter un PFE qui n’en serait pas un, copiant les formes d’une présentation académique. Mais c’est ne pas faire confiance à l’architecture, car c’est aussi une surprise de ce travail, qui résiste à ne rien dire. L’architecture est entendu ici de manière personnelle et partielle comme un ensemble d’objets, qui ne disent rien. C’est en fait un paradoxe initial car si elle est porteuse de discours extra-référentiels, en dehors d’une autonomie improbable, son expérience est malheureusement muette. L’enjeu ici dans le but de produire une architecture, a été de produire des objets qui dans son installation finale possède un discours et une forme, dans un rapport de production/théorie.

Au début il y a des réflexions sur ce qu’est un PFE. Il ne peut pas être un super-projet, c’est à dire l’application d’une méthodologie apprise et vérifiée sur un temps plus long. Parce que c’est ici les codes du métier d’architecte libéral, que l’on viendrait copier alors que les enjeux ne sont pas les mêmes ; il n’y a simplement pas de projet réalisé à la fin. Cette première remarque a engendré une série de réductions, ou abandons pour la réalisation d’une architecture finale via les moyens du PFE en école d’architecture. Chaque moment, chaque objet est terminé en soi et n’est pas la représentation de quelque chose, qui n’est jamais là.

Car c’est là tout le paradoxe du mot projet, il n’est pas nécessaire à l’architecture en tant que représentation de ce qui n’advient jamais et qui est de cette manière une illusion, une utopie dangereuse ; mais il est pourtant la preuve que le mot architecture ne suffit pas. Pourtant, ne plus parler de projet c’est faire confiance au travail, à la mise en oeuvre, à l’existence réelle de ces objets parce qu’ils sont la trace d’accidents successifs et d’un soin réel, sinon ils ne peuvent pas continuer à exister.

Les accidents entre la représentation et la matérialisation, nous a fait abandonner la première étape de dessins techniques à échelle 1. Le cube parfait n’existe pas, le moule s’use, et il faut continuer à l’utiliser, portant la trace de son usage. Pendant l’intensif de mi parcours, représenter est devenu impossible, il faut faire vite un croquis et très rapidement mettre en oeuvre, grâce à un savoir-faire mis en place précédemment. On voulait faire une colonne de l’architecture finale, c’est devenu encore une trace de ce qui n’a pas pu être fait. Et pourtant il faut tout soigner, un trou dans la terre. Ensuite c’est toute une mise en oeuvre pour la présentation finale d’architectures abandonnées, pour préparer une improvisation.

Ce que je n’ai pas fait : ou les problèmes de la représentation est devenue un morceau d’architecture à échelle 1, en blocs de plâtre de 12x12cm, posés en équilibre. Le projet lui s’est arrêté la veille, pour l’improvisation d’une architecture finale, qui vit et se transforme à chaque déplacement et contrainte contextuelle. Paradoxalement et heureusement, elle n’est pas la tautologie d’elle-même, en étant seulement une architecture, et n’ayant comme discours que « je suis une architecture » ; elle devient une représentation de quelque chose qui ne sera jamais là, mais une représentation en soi, la trace vivante d’un objet qui se transforme. Qui s’abime à chaque déplacement, et se monte différemment à chaque fois. Car c’était là l’enjeu initial et propre à l’architecture, d’entendre ces objets muets, comme la trace de ce qui n’est pas là. C’est à dire le travail, le soin et la liberté de la politique d’une architecture radicale, comme mouvement dans la discipline.

Exposition PFE 1
Exposition PFE 2
Installation Expositon
Reversed House
Figure Tower
Plant Platform
Reassurance House
Column Plan
Chamarande
Hut
Moving Cubes
Reduction
Installation PFE